LENA ❥ give me love (délais 31/01)

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Cher journal,
Je crois que ça fait bien longtemps que je n’ai pas écris, et crois moi j’en suis la première désolée. En relisant la dernière page que j’ai écrite, j’ai l’impression de faire un saut dans le passé. Un saut dans une époque où tout allait bien, où nous étions heureux tous les trois. Je crois que le dernier évènement que je raconte ici, c’est notre dernier nouvel an tous ensemble. Je me souviens encore de cette fête que nous avions donnée à la maison. Les parents étaient partis je ne sais plus où. J’avais été malade une bonne partie de la soirée et Zoey était restée avec moi. A y réfléchir, je crois que c’est l’un des derniers bons souvenirs que j’ai d’elle avant sa disparition. Avant que j’arrête d’écrire. Je me sens tellement coupable, si tu savais. Le jour où elle a disparu, nous nous étions disputés à cause d’une robe qu’elle m’avait empruntée et qu’elle avait déchirée. Je sais c’est nul. Surtout qu’il nous aurait fallu quoi, vingt minutes à tout casser pour la recoudre. Du coup, je n’ai même pas pris la peine de lui dire au revoir ce matin là. J’étais tellement énervée, et aujourd’hui, je me sens tellement nulle. Je pensais m’être faite à l’idée qu’elle avait disparu pour de bon, après tout, fuguer ce n’était pas elle. Partir sans prévenir. Non. Impossible. Malgré tout, j’ai tenté de penser qu’elle reviendrait. Que peut importe où elle était, elle allait bien. Je me suis mise au théâtre car je pensais que ça allait m’aider à passer à autre chose. J’y ai même cru d’ailleurs. Pendant ces derniers mois, j’avais vraiment l’impression d’aller mieux. J’avais appris à « vivre avec » comme on dit. Même si je reste persuadée que la disparition d’une personne qu’on aime reste la chose la plus difficile à vivre. On ne sait pas où elle est, ce qu’elle fait, ni même si elle va bien. C’est dur de s’imaginer ce qu’elle peut vivre, seule sans doute perdue et morte de peur. Quand une personne décède, on l’apprend, on fait avec et puis avec le temps on fini par faire son deuil et accepter la perte de la personne en question. Avec Zoey, c’était différent, elle avait disparu, juste disparu. Et il m’était impossible de croire qu’elle ne reviendrait pas. Pourtant, ce n’était pas faute de m’avoir prévenue. Dès le début, les personnes qui m’entouraient m’avaient répété : tu sais Lena, en général quand une personne disparait et ne revient pas au bout de 48h, ce n’est jamais bon signe. Oui peut être, mais moi j’avais persisté à croire que ma sœur était en vie. Qu’elle allait revenir, un jour, elle allait frapper à la porte comme si de rien n’était parce qu’elle n’avait pas ses clefs et que quand l’une de nous deux était seule à la maison, elle s’enfermait. Jusqu’à ce jour où le téléphone a sonné. C’est Chad qui a répondu, et j’ai compris à son regard que notre entourage avait raison depuis le début. Ne pas retrouver une personne au bout de 48h ou 72h, c’est déjà mauvais signe, alors que dire au bout de presque deux ans ? Ce jour là, c’était comme un deuxième coup de massue. Le corps de Zoey venait d’être retrouvé. C’était fini. Dans un sens, j’ai pris ça comme un soulagement. Au moins, maintenant je peux faire mon deuil et passer à autre chose. Chad est allé l’identifiée, pour le coup, il a été plus courageux que moi. J’ose espérer qu’elle n’a pas souffert, mais au fond de moi, je crois que je ne préfère pas savoir. Et encore moins savoir dans quel état elle a été retrouvée. Mais d’une coté, c’est toujours dur de se dire que l’une des personnes qu’on aime le plus ne reviendra jamais. J’imagine que pour mes parents, c’est encore plus dur d’enterrer une de leurs filles. La logique des choses aurait voulu qu’ils partent avant nous.


(uc)