Etudier... Etudi... Etud... Etu... Et tu dors.

« J’en ai marre, j’me casse. » Tu passes une main dans tes cheveux sombres et tu commences tes bagages. Tu es fatigué de cette vie, elle ne t’appartient pas. « Si tu passes cette porte, mon garçon, ce n’est pas la peine de revenir ! » Ta mère pleure, ton père s’énerve. Comme à chaque décision que tu as pris. Les tatouages, ça a donné cela. Lorsque tu as annoncé que tu ne voulais pas reprendre l’entreprise d’ici quelques années, ça a été le pire. Tu balances tes affaires dans ta valise, te tournes vers ton paternel. « Ça tombe bien, j’veux pas revenir. » Ta mère tente de te raisonner avec quelques paroles douces, quelques gestes maternels. Tu te sens un peu mal vis à vis d’elle mais ton père t’insupporte au plus au point. Il est temps pour toi de te débrouiller par toi-même. « Au revoir, ’mam. » Ton sac sur l’épaule, tu embrasses ta mère sur le front, échanges des regards noirs avec ton père. Tu claques la porte derrière toi et tu t’arrêtes sur le perron de la grande maison qui appartient à ta famille depuis on ne sait combien de temps. La nuit est tombée depuis longtemps sur Rosewood et tu observes l’extérieur, inspires un grand coup. C’est le début de ta liberté, de cette vie que tu attends depuis si longtemps. Tu n’appartenais pas à leur monde, tu ne pouvais faire autrement. Tu ne voulais pas de cette vie bien rangée. Partir au boulot tôt le matin, revenir dans la soirée, embrasser une femme que tes parents auraient sans aucun doute choisi pour toi, pour son nom de famille ou sa fortune. Faire ce train-train tous les jours. Le week-end participer à des réceptions diverses et variées, prétendre que ta vie est parfaite. Partir souvent en voyage d’affaires. Être sérieux, porter des cravates bien nouées sur un smoking qui a toujours l’air neuf. Ce n’était pas ce que tu voulais.

Tu la regardes de loin et tes lèvres s’étirent en un sourire sans que tu t’en rendes compte. Tu prends une gorgée de bière et ton regard dévie un peu, croisant celui, amusé, de Jasper. Jas, c’est un de tes meilleurs potes depuis que tu as quitté l’univers huppé de tes parents. Il est trop con, mais tu l’aimes comme tu aimerais un frère que tu n’aurais jamais. « Qu’est c’ta? » Jasper se met à rire comme un idiot alors tu attrapes un coussin à côté de toi sur la banquette et tu lui balances en pleine poire. « Relax, man! C’est comme ta soeur, hein? » Tu t’étouffes avec une nouvelle gorgée d’alcool alors que ton ami s’affale sur le canapé, à côté de toi. Ensemble, vous observez la jolie Blythe, de loin, rire avec légèreté avec le reste de votre bande d’amis. Ils l’ont littéralement adoptée, quoiqu’un peu et parfois, ça te tape sur le système. Jasper le voit bien et ça le fait pouffer comme une adolescente. « Seulement lorsque vous l’entraînez dans vos plans foireux. » Le rire de ton ami résonne dans tes oreilles mais au fond, tu n’entends que celui de Beauregard, pourtant à l’autre bout de la pièce. Tu lances finalement un regard plein de rancune vers Jasper et celui-ci s’arrête de ricanner. « Désolé, je pensais pas que ça irait si loin. Ça fait longtemps que..? » Il ne termine pas sa phrase mais tu devines la fin. Tu hausses les épaules, un peu perplexe. Tu te souviens de quand, l’an précédent, elle avait débarqué devant chez toi, ses valises à la main, toujours bien propre sur elle, te rappelant la proposition que tu lui avais fais alors vous n’étiez que deux ados totalement blasés du mode de vie de vos parents. Et tu l’avais pris sous ton aile. Tu te souviens de ses « premières fois », diverses et variées, dans la vie de tous les jours, celle qui était le quotidien des personnes issues du milieu modeste, celui qui était devenu tien avec les années. Ça t’avais fais beaucoup rire, la première fois elle était sous la douche et qu’elle est arrivée au bout de la limite d’eau chaude. Mais finalement, avec le temps.. Tu t’étais attachée à elle. Tu l’étais déjà, évidemment, bien que vous ayez un peu perdu contact lorsque tu as quitté la maison de tes parents il y a presque quatre ans. Tu es tout simplement heureux qu’elle soit venue te trouver, mais maintenant, elle te trouble. Tu te tournes avec Jasper, arquant un sourcil. « Sérieux, ta gueule. »